LA ROYAUTE EN AFRIQUE
- République du Bénin -
Représentant de la dynastie d'Abomey, Joseph Langanfin est le président du CAFRA, le conseil d'administration des douze familles royales d'Abomey. A ce titre, il est considéré comme le représentant officiel des rois d'Abomey. C'est lui qui a présidé les cérémonies du centenaire de la mort du roi Glele dont il est le petit fils.En 1889, à l'issue des funérailles du roi Glele, son fils Kondo fut intronisé sous le nom de Gbehanzin, contraction voulant dire " Le monde tient l'oeuf que la terre désire", et prit le requin comme emblème royal. Le roi-requin voulait repousser les Blancs venus de la mer. Depuis le traité de Berlin qui, en 1884, avait partagé l'Afrique, le royaume d'Abomey excitait la convoitise des Français qui voulaient stopper la progression anglaise dans le golfe de Guinée. Les tentatives de la France auprès de Gbehanzin échouèrent. "Le roi ne donne son pays à personne, la terre des ancêtres est sacrée", leur dit-il.
Le Fon( roi ) est le frère des animaux courageux et puissants. La nuit, il a le pouvoir de se transformer en panthère. Il hante alors la forêt, parcourt la savane, s'abreuve au torrent. Quand le chasseur tue une panthère, les Fon du pays Bamiléké ont peur. L'un d'eux ne va-t-il pas périr de la mort de son double?
Ancien préfet, chef de cabinet du ministre des Finances du Cameroun en 1964, Kamga Joseph est le treizième Fon (roi) de Bandjun. Le jour des funérailles de son prédécesseur, deux chefs Bamiléké, ses "bourreaux", l'arrêtèrent sur le marché de Bandjun, au milieu des princes et des nobles qui pleuraient le roi défunt. Coiffé d'une cagoule de sisal, en signe d'humilité, il fut conduit chez un noble, le "Tafo Meru", et fit là son apprentissage de roi, pendant neuf semaines. Jadis cela durait neuf mois. Pendant
sa retraite, le souverain est accompagné de la femme qu'il a éventuellement épousée avant son intronisation, la "nrounq" (amour), et de la "djvikam" (épouse du noble), première reine. De retour dans son palais "Tsa", il prend en charge les femmes du Fon défunt, qui deviennent ses épouses.
HALIDOU SALI
- Lamido de Bibemi - Cameroun -
Halidou Sali, douzième Lamido de Bibemi, fut enturbanné en 1958.Il est le descendant d'Aido Sambo, l'un des quarante-deux Lamido de l'Adamawa qui au XVIIIe siècle allèrent porter l'étendard du Jihad d'Ousman Dan Fodio aux confins occidentaux de son immense empire.On aurait surnommé les ancêtres des habitants de Bibemi "Yillaga têtes-dures" à cause de leur tempérament impétueux qui leur faisait aimer la guerre. C'est d'ailleurs à cause d'une brouille avec leurs voisins du Macina qu'ils émigrèrent de l'ancien empire du Mali. Leur exode dura plusieurs siècles. En 1770, ils chassèrent les Nyam-Nyam et s'installèrent à Bibemi.
OSEADEEYO ADDO DANKWA III
- Rois d'Akropong-Akuapem - Ghana -
Diplômé de l'université de Londres et conseiller économique à Accra, la capitale du Ghana, le roi d'Akropong est depuis seize ans le chef du "siège sacré" des Akuapem-Asona, un des sept principaux clans Akan.A sa droite, son "linguiste" porte l'emblème royal, un éléphant, qui rappelle que cette royauté fut fondée par la force.En 1733, Akwamu lança son armée contre la cité-Etat d'Akropong, qui avait été épargnée par les conquêtes Ashanti. Pour se défendre, la cité fit appelle à des soldats qui aimaient la guerre, les Akim. Ennemis héréditaires des Ashanti, ils délivrèrent Akropong. En récompense, le chef des Akim fut intronisé roi d'Akropong.Au pied du roi se tient un enfant, son "Okra", c'est-à-dire son âme. Protégé par des gris-gris, il joue le rôle de bouclier humain qui doit défendre le roi contre les mauvais sorts, les maladies et la mort. Le roi est la nation. Il ne doit jamais être blessé ou malade, car toute la nation s'affaiblirait. L'Okra détourne sur lui-même toutes les forces du mal. Il doit donc mourir avec son maître. Pendant les batailles, l'Okra était chargé de faire sonner les clochettes suspendues à son cou pour signaler la présence du roi et stimuler la vaillance des combatants.Si le roi avait peur d'attirer l'attention des ennemis et étouffait le son des clochettes, ses soldats l'interprétaient comme une désertion et ils abandonnaient la bataille.
ABUBAKAR SIDIQ
- Sultan de Sokoto – NigeriaCette photo a été prise quelques jours avant la mort du sultan de Sokoto. Il avait régné plus de cinquante ans. Au moment de "l'enturbannement" de son successeur, choisi par un conseil de "faiseurs de rois", un conflit éclata. Deux familles royales contestaient le choix. Conséquence: cent morts. D'après le "News Watch", grand hebdomadaire du Nigeria, la puissance du Sultan de Sokoto est telle que la plupart des nigerians interrogés préféreraient devenir sultan de Sokoto que président du Nigeria. Abubakar Sidiq n'était pas aussi riche que d'autres souverains du Nigeria. Il gagnait près d'un million de nairas par an (1 million de francs), mais devait entretenir sa suite, quatre-vingt-six personnes, et nourrir ces trois-cent-cinquante petits-enfants.Il était le successeur du "Shehu" Ousman Dan Fodio, fondateur de l'empire Peul de Sokoto, légendaire dans toute l'Afrique de l'Ouest. Pieux musulman, Ousman Dan Fodio prêcha de ville en ville le retour de l'islam pur dans tous les royaumes Haoussa du nord du Nigeria.
Le Nyimi Mabiintsh III a cinquante ans. Il est monté sur le trône il y a vingt ans. Descendant du dieu créateur, on attribue au roi des pouvoirs surnaturels et son rang lui impose de nombreuses contraintes: il n'a pas le droit de s'asseoir sur le sol et de traverser des champs cultivés. A part son cuisinier, personne ne l'a vu manger. D'ailleurs, il ne voyage jamais sans lui, ni sans sa vaisselle personnelle et tout ses ustensiles de cuisine. Le Nyimi (roi) des Kuba est dans son costume d'apparat, le Bwaantshy. En Kuba, cela signifie "manger le python". Le costume, tout en tissus cousu de perles et de cauris (petits coquillages qui servaient de monnaie en Afrique), Le poids et la chaleur du Bwaantshy sont tels qu'il est impossible de le porter plus d'une heure. Le précédent roi ne l'avait revêtu que trois fois dans sa vie. Le Bwaantshy pèse 84 kilos. Il faut plus de deux heures pour en habiller le roi et deux jours de préparation spirituelle pour qu'il soit suffisamment purifié avant de le revêtir.
IGWE KENNETH NNAJI ONYEMAEKE ORIZU III
L'Emir de Katsina est un passionné de polo, et sa famille a donné plusieurs champions au Nigeria.Au XIIe siècle, Katsina n'était qu'un village Haoussa gouverné par les Durbawa, une dynastie royale émigrée d'une région dont la tradition a perdu le nom. Un de ces rois, Janzawa, épousa une princesse de Daura, un autre Etat Haoussa. Cette reine, Katsina, donna son nom au village qui devint le terminus de la route commerciale transsaharienne venant de Tripoli.Avant le Jihad, la prospérité et la sécurité des habitants de Katsina dépendaient de la force et de la bonne santé du Sarki. Dès que le souverain-dieu montrait des signes de faiblesse mentale ou physique, les seigneurs du palais choisissaient son successeur qu'ils plaçaient sous un boeuf noir que l'on égorgeait. Le nouveau Sarki était alors baigné et purifié dans le sang du boeuf, pendant qu'un des seigneurs étranglait le souverain déchu.On enveloppait le Sarki défunt dans la peau du boeuf et on l'enterrait debout.
SALOMON IGBINOGHODUA
- Oba Erediauwa de Bénin - Nigéria -
Le prince Salomon, diplômé de l'université de Cambridge, fut couronné le 23 mars 1979 Oba (roi) de Bénin. Il succédait à son père Akenzua II, et devenait le trente-huitième Oba (roi) d'une dynastie qui remonte au XIIIe siècle."Le grand bâton de craie est cassé", fut le métaphore employée pour annoncer officiellement la mort d'Akenzua. Aussitôt les Edo du Nigeria, d'Angleterre, et d'Amérique se rasèrent la tête. La repousse des cheveux signifiait la renaissance du royaume et le rétablissement de l'harmonie entre l'homme et les éléments, un instant rompue par la mort.Au temps de la venue des Portugais, puis des Hollandais, le palais de Bénin avait la taille d'une ville comme Haarlem. Certains jours, l'Oba y paradait entouré de léopards, à la tête d'un impressionnant cortège de guerriers. Le Bénin contrôlait alors tout le sud Nigeria et le Dahomey.
BOUBA ABDOULAYE
- Sultan de Rey-Bouba - Cameroun -
Le Baba (sultan) de Rey-Bouba règne sur cinquante cinq mille sujets et son territoire est aussi grand que la Belgique et le Luxembourg réunis (35 000Km2).C'est à tort qu'on l'appelle Lamido, car il n'a jamais été vassal de Sokoto.Ancien député de l'assemblée camerounaise, Bouba Abdoulaye a du tout quitter et renoncer à la vie moderne pour succéder à son père. En 1799, son arrière-grand-père, Bouba Ndjidda, venant du Mali avec ses guerriers Peul, décida de s'installer aux confins de l'Adamawa au bord de la rivière Mayo-Rey. Il y déposa un étendard blanc, un tambour d'argent, une épée et un panier contenant les secrets royaux, et construisit un palais avec un mur d'enceinte de huit cents mètres de long et sept mètres de haut.Aujourd'hui, les murs de ce palais abritent un des souverains les plus traditionnels d'Afrique. Il y exerce un pouvoir invisible et permanent. Il n'a pas le droit d'en sortir plus de trois fois par an. Le Baba est au centre du monde et du royaume. Il sait tout et doit tout savoir. Des centaines d'agents l'informent en permanence des faits et gestes de tout le royaume.
ALIYU MUSTAPHA
- Lamido de l'Adamawa - Nigéria -
Un jour Adama, que l'on appelait Modibo, c'est-à-dire "le lettré", apprit qu'un grand Marabout du nom d'Ousman Dan Fodio avait proclamé le Jihad (guerre sainte) au Gobir et dans les pays Haoussa.Il invitait les représentants de toutes les nations Peul à venir à Sokoto recevoir son enseignement et ses directives, afin d'organiser le Jihad chez eux. Parmi les délégués Peul du Fumbina (sud) qui s'y rendirent, Adama fut choisi par le Shehu Ousman pour recevoir le symbole du Jihad, l'étendard du pouvoir musulman. Adama devint le Lamido du Fumbina, ou souverain du sud. Il fut chargé de convertir à l'Islam les populations païennes, et d'élever des mosquées en pays conquis. Chaque année, Adama envoyait à Ousman Dan Fodio un cortège d'esclaves, et un troupeau de boeufs.A sa mort son immense territoire devint l'Adamawa, qui couvre actuellement une partie du sud-ouest du Nigeria et tout le nord du Cameroun.Aujourd'hui le Lamido a soixante enfants et il est chancelier à l'Amadou Bello University de Zaria, l'une des plus prestigieuses universités d'Afrique.
OBA JOSEPH ADEKOLA OGUNOY
- Olowo de Owo - Nigéria -
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